S’occuper de la terre et vendre le fruit de ses récoltes au marché ne l’empêche pas d’être coquette. Lucette Rodillon prend soin de son apparence. C’est important, pour son moral, pour rester dans la vie, montrer le meilleur d’elle-même. Vive et enjouée, un rien la fait rire. Mais l’envers du décor n’est pas tous les jours rose. À 63 ans, elle poursuit son activité d’agricultrice afin de compléter sa maigre retraite, pour tenter de vivre comme avant, avant que Pierre, 69 ans, son mari depuis 44 ans, ne tombe malade. C’était il y a six ans.
Le travail : une bouffée d’oxygène
Cela avait débuté par une hypertension. Pierre a maintenant une sclérodermie, une maladie rare qui altère la peau. Pierre reste toute la journée à la maison torse nu, à lire, à dormir ou à regarder la télévision. Il ne supporte plus d’être habillé. « Ça me fait mal », glisse-t-il. Il a aussi du mal à se déplacer. Alors Lucette est là pour le surveiller, le seconder, le soulager. Pas évident à gérer avec son activité. Les champs ou les vergers le matin, le marché l’après-midi, au minimum trois fois par semaine. Il le faut, c’est la saison. « C’est fatiguant, mais il me faut cette bouffée d’oxygène. Si je n’ai pas ce travail à l’extérieur, je suis perdue, c’est comme si on me tuait ! J’ai besoin de penser à autre chose, et pas qu’à la maladie de mon Pierrot », confie Lucette.
« Si je n’ai pas ce travail à l’extérieur, je suis perdue, c’est comme si on me tuait ! »
Lucette